Une méthode nommée neurofeedback permet d’observer son cerveau en activité afin d’optimiser ses performances mentales.
Par Sébastien Bohler* 17 novembre 2010
Contrôler l’activité de son cerveau pour maîtriser ses émotions ou décupler ses capacités intellectuelles : ce ne sera peut-être plus longtemps un fantasme. Le procédé se nomme neurofeedback et consiste à observer en temps réel l’activité de son cerveau à l’aide d’un scanner, pour tenter de l’amplifier ou de la réduire.
Par exemple, dans une expérience réalisée à l’Université de Tübingen, une personne voit s’afficher sur un écran l’activité de son insula, une zone clé pour la créativité et la perception des émotions. En s’entraînant à faire baisser l’activité de cette zone émotionnelle, le sujet agit sur son cerveau et sur sa sensibilité aux situations émotionnelles ou stressantes. Les auteurs de cette étude, Andrea Caria et Niels Bribaumer, ont constaté que des personnes ayant subi cinq séances d’entraînement de 30 secondes ressentent ensuite moins d’émotions négatives à la vue d’images pénibles, qu’il s’agisse de visages agressifs ou de photos d’accidents ou d’attentats. La zone du cerveau concernée, après avoir été « calmée » par l’introspection, est moins alarmée par les stimulations pénibles qu’on lui propose.
L’inverse est également vrai. Un court entraînement où le sujet s’efforce de renforcer l’activité de son insula rend le sujet plus sensible aux stimulations hostiles. Le cerveau apparaît comme un miroir de l’activité mentale, et il peut la moduler.
Tout le monde n’exerce pas un contrôle efficace sur ces états émotifs : les psychopathes n’arrivent pas à activer leur insula à la vue de la détresse d’autrui, ce qui entraîne une forme d’insensibilité pouvant favoriser les comportements amoraux. Leur apprendre à restaurer l’activité de cette zone cérébrale par des méthodes de neurofeedback serait d’un grand intérêt. De même, les personnes sujettes à des phobies sociales présentent une hyperactivité de cette zone cérébrale qui les rend d’une émotivité excessive dès qu’elles sont en public.
Des exercices visant à minimiser l’activité de l’insula en temps réel seraient alors bénéfiques. Des exemples similaires sont cités à propos de l’anxiété. De façon générale, le suivi en direct de l’activité du cerveau offre un moyen au sujet lui-même de moduler son fonctionnement, sans implantation d’électrodes ni administration de médicaments. Une forme d’introspection par scanner interposé.
*Sébastien Bohler Rédacteur en chef de Cerveau & Psycho.
Docteur en neurosciences,
Auteur du blog L'actu sur le divan.
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* Bessel von der KOLK, psychiatre américain d'origine néerlandaise, spécialiste du syndrome post-traumatique, professeur de psychiatrie à la Boston University, a fondé le Trauma Center de Boston.